Pour Biolait, l’année 2026 sera... bio
Biolait, le leader français de la collecte laitière bio, ne parle plus de frémissements du marché bio mais de reprise. Il débute actuellement ses rendez-vous commerciaux pour préparer l’année 2026. Habituellement, il les commence en septembre.
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Biolait est debout et le fait savoir. Le leader de la collecte bio française a invité hier, mercredi 11 juin, la presse agricole, régionale et nationale à visiter l’exploitation laitière d’un de ses 1 100 adhérents et son siège à Saffré, en Loire-Atlantique, là où tout a commencé en 1994. « Nous sommes une organisation de producteurs commerciale, rappelle Philippe Marquet, président de la SAS et éleveur dans la Loire. Nous achetons le lait aux adhérents et nous le revendons. Nous allons jusqu’au bout de la démarche. Le conseil d’administration est la gouvernance de Biolait. Il a la charge de la stratégie. Cette autonomie décisionnelle a un coût que nous assumons. » Il fait allusion à l’équipe de cent salariés et aux 32 sites logistiques répartis sur le territoire français (lire l’encadré ci-dessous).
Un modèle original
Biolait, c’est aussi un projet d’organisation la plus démocratique possible et une ambition pour la production laitière bio française. « Notre assemblée générale est le lieu des décisions. Cela se traduit par un quorum fixé à plus de 50 % des fermes adhérentes présentes à l’AG. Vu leur dispersion, c’est un choix. » Car le slogan de la SAS depuis sa création est « la bio partout et pour tous ». Philippe Marquet prend l’exemple du quart sud-ouest et de ses 130 adhérents pour 16 Ml. « Nous sommes quasiment les derniers à collecter le lait bio. C’est presque une mission de service public que nous réalisons, dont nous assumons seuls le coût. »
Prix de base augmenté en mai et juin
Cette ambition est mise à rude épreuve depuis le déclenchement de la crise laitière bio, il y a quatre ans. Selon l’observatoire de L’Éleveur laitier, à qualité égale entre les entreprises comparées (32,5 g/l de TP, 42 g/l de TB et qualité super A), le prix moyen 2024 de Biolait est le plus faible. Sa collecte est également chahutée : elle enregistre un recul de 20 % entre 2021 et 2024 (respectivement 306 Ml et 242 Ml) et va en enregistrer un nouveau cette année à 220 Ml. « Quatre-vingt-dix adhérents ont quitté Biolait l’an passé : la moitié pour un retour vers le conventionnel, l’autre moitié par cessation d’activité », indique Simon Brichart, le directeur.
Marché sous tension en 2026
L’année 2026 s’annonce sous de meilleurs augures. Pour les dirigeants de Biolait, les signaux qu’envoie aujourd’hui le marché laitier bio sont au-delà du frémissement. Cela se traduit par une revalorisation de 50 €/1 000 l du prix de base prévisionnel de mai et juin, à 420 €. Celui d’avril s’élève à 370 €.
« Habituellement, nous démarrons les rendez-vous commerciaux en septembre. Cette année, nous avons souhaité les débuter dès maintenant pour préparer 2026, reprend Philippe Marquet. La dynamique du marché est totalement différente de celle des années passées. Les périodes de tensions vont s’accélérer l’année prochaine. » L’annonce de Carrefour d’un besoin supplémentaire de 10 millions de litres bio avec la Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel, mardi 10 juin, contribue à alimenter ce retournement de marché. Les distributeurs prennent conscience qu’ils sont allés trop loin dans le déréférencement des produits bio, entretenant ainsi la déconsommation… Et la démotivation des producteurs. « Nos contrats en lait conventionnel arrivent à leur terme en 2025, poursuit le président de Biolait. Si nous répondons à toutes les demandes, quasiment tous nos contrats seront en bio l’année prochaine. Nous sommes prudents. Nous voulons éviter les contrats « one shot ». »
Dans ce contexte de reprise, l’arrivée d’une petite quinzaine de nouveaux adhérents, dont des livreurs de Lactalis, est une bonne nouvelle, tout comme celle de 40 nouveaux producteurs dans les exploitations déjà adhérentes. Le leader de la collecte tire également les leçons de la crise. Il planche sur des solutions qui diminueront de 10€/1000l les coûts de collecte. « Jusqu’à présent, le modèle de Biolait était la liberté totale. Aujourd’hui, nous introduisons des contraintes », résume Philippe Marquet.
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